Qui est Nathy Peluso, la tornade argentine aux airs d’héroïne de Pedro Almodóvar ?
Adoubée par Cardi B et Megan Thee Stallion, la chanteuse d’origine argentine aux airs d’héroïne de Pedro Almodóvar, Nathy Peluso, est une superstar en Amérique du Sud et en Espagne, où elle réside. Songwriteuse, star des réseaux sociaux décomplexée, rappeuse et danseuse hors pair, l’artiste propose un mix sensuel et détonant de pop latine, salsa, jazz, hip-hop et R’n’B sulfureux. Alors qu’elle sort un nouvel album, Grasa, ce vendredi 24 mai, retour sur les confession d’une artiste passionnante.
par Violaine Schütz.
La chanteuse d’origine argentine aux airs d’héroïne de Pedro Almodóvar, Nathy Peluso, est une superstar en Amérique du Sud et en Espagne, où elle réside. Songwriteuse, star des réseaux sociaux décomplexée, diplômée de pédagogie, rappeuse et danseuse hors pair, l’artiste de 29 ans propose un mix sensuel et détonant de pop latine, salsa, jazz, hip-hop et R’n’B sulfureux.
Nathy Peluso, une artiste adoubée par Cardi B et J Balvin
Le point d’orgue de sa carrière ? L’épique Calambre, un premier album sorti en 2020 aussi dansant qu’avant-gardiste. Avec ses paroles crues et féministes, ses clips caliente (aux millions de vues) et ses sonorités hédonistes, Nathy Peluso s’est attiré des fans tels que C. Tangana, Cardi B, Megan Thee Stallion, J Balvin ou encore Christina Aguilera avec qui elle a collaboré.
Celle à qui l’on doit le tube Mafiosa, qui pervertit habilement le male gaze avec un sens inné de la provocation, a fait sensation aux festivals We Love Green et Coachella. Alors qu’elle sortira un nouvel album, Grasa, le 24 mai, retour sur les rares confessions d’une artiste iconoclaste.
L’interview de la chanteuse Nathy Peluso, qui sort l’album Grasa
Numéro : Vous êtes née en Argentine, mais vous vivez à Barcelone depuis de nombreuses années. Pourquoi l’Espagne ?
Nathy Peluso : Je suis venue à Barcelone par amour, et j’ai aussi eu un coup de foudre pour la ville, alors j’y suis restée. J’adore cette ville qui est l’une de mes préférées au monde. Quand je ne suis pas en tournée ou en voyage et que je suis chez moi, je profite simplement de mes amis et ma famille. Je fais de l’exercice tous les matins et, quand j’ai le temps, j’aime aller à la plage, faire du roller, jouer de la musique avec mon groupe… La scène musicale espagnole traverse un moment de grâce avec de très belles propositions artistiques. J’admire mon ami C. Tangana. J’ai vraiment aimé créer le morceau Ateo avec lui l’an dernier. C’est un artiste en qui j’ai confiance, que je respecte et auquel je m’identifie beaucoup.
Le titre de votre premier album, Calambre, sorti en 2020, est un mot espagnol qui signifie à la fois « décharge électrique » et « crampe. » Cette référence à un phénomène musculaire veut-il dire que pour vous, la musique demande un engagement physique intense ?
Une carrière dans la musique implique un travail acharné, beaucoup de sacrifices – de beaux sacrifices – et d’efforts, mais elle nécessite aussi des compromis. Le travail d’un artiste dépend du monde intérieur de chacun, de ses sentiments, de son énergie… Il demande, selon moi, un engagement total et je me sens totalement engagée envers ma musique, ma carrière et mon public.
Votre musique mélange de nombreux genres différents, du rap à la salsa en passant par la pop. Comment la définiriez-vous ?
J’essaie de transcender les genres et les définitions. Je tente différents styles, sonorités et références. Je ne choisis pas quelles émotions je veux provoquer. J’écris et compose en pensant d’abord à mes propres émotions. Je veux que le public ressente ma musique, au-delà des paroles, du langage ou des genres. Je n’ai pas de recette, je change tout le temps et essaie de me surprendre aussi, d’apprendre, de m’amuser et de ressentir une grande liberté dans ce que je fais. Le plus important, c’est de ne pas me reposer sur des formules.
« C’est génial que mes chansons trouvent un puissant écho chez les femmes et qu’elles les incitent à se sentir fortes, à chanter, danser et s’amuser ensemble. » Nathy Peluso
Quelles sont vos influences majeures ? Avez-vous des idoles ?
Je n’ai pas d’idole à part la musique, qui m’a sauvé la vie. C’est quelque chose de très cathartique pour moi, autant le fait de jouer de la musique que de me produire en live. Sinon, j’ai beaucoup d’influences et de références. Je me sens inspirée par la vie, par les expériences, les sons et les situations de tous les jours. J’aime imaginer des univers différents, des univers parallèles. J’aime l’art et la créativité sous toutes ses formes et j’admire tous ceux qui poursuivent un projet artistique.
Le plaisir sexuel, envisagé du point de vue féminin, et l’indépendance occupent une grande place dans vos paroles. Bannir tout tabou est-il pour vous un parti-pris féministe ?
Je vis dans une réalité féministe. Je suis une femme et il est agréable de savoir que les femmes ressentent un « empowerment » en écoutant ma musique. C’est génial que mes chansons trouvent un puissant écho chez les femmes et qu’elles les incitent à se sentir fortes, à chanter, danser et s’amuser ensemble. Mais ce n’est pas quelque chose que je recherche particulièrement. Je ne compose pas en pensant à ça. C’est-à-dire que je ne fais pas des chansons en pensant aux inégalités de genre. Je suis musicienne, je chante et j’essaie de transcender les barrières ou les étiquettes.
En 2021, vous avez publié le clip de votre chanson Ateo (« Athée » en français) tourné dans la cathédrale de Tolède en Espagne avec le rappeur de Madrid C. Tangana. Et votre danse sulfureuse a choqué certains catholiques espagnols. La provocation dans l’art est-elle quelque chose de crucial pour vous ?
Je crois que l’art a été créé pour provoquer. Je ne sais pas exactement ce que nous provoquons avec chaque chanson. Cela dépend de l’échange que chaque artiste a avec le public. Cela peut provoquer et stimuler différentes choses chez chaque personne qui vit cet échange.
« Je crois que l’art rend le monde meilleur et qu’il peut guérir. » Nathy Peluso
Quel rôle peut jouer l’art par rapport aux temps troublés que le monde traverse ?
Le monde est toujours en tension et je pense que l’art est en quelque sorte un vecteur pour communiquer sur ces tensions et soutenir les mouvements qui peuvent aider à rendre le monde meilleur. Je crois que l’art rend le monde meilleur et qu’il peut guérir. Nous devons être conscients de ce qui nous entoure, de ce qui se passe dans le monde, ainsi que nous montrer généreux, honnêtes et authentiques avec nos sentiments.
En 2022, vous avez donné votre unique concert français dans le cadre du festival We Love Green…
Je suis dans une très bonne période de ma vie en ce moment. Je suis enthousiasmée par mon nouveau live, ma tournée (le Calambre Tour) et le travail effectué sur mon nouvel album, Grasa. Je me sens reconnaissante et profite de la balade.
Grasa (2024) de Nathy Peluso, disponible le 24 mai 2024.