Christine and The Queens et son enfance bercée par l’art

Christine and the Queens, née Héloïse Letissier, voit le jour le 1er juin 1988, à Nantes. Très tôt, elle apprend le piano, puis découvre la danse classique, avant de se tourner vers le modern jazz. À 11 ans, elle écrit sa première nouvelle. C’est à ce moment-là qu’elle décide de devenir auteure.

Par ailleurs, ses parents — tous deux enseignants — lui transmettent un amour profond pour les livres. Son père enseigne la littérature anglaise à l’université de Nantes. Sa mère enseigne dans un collège. À juste titre, la lecture devient une activité centrale dans sa vie.

Dès l’âge de 15 ans, elle lit Trouble dans le genre de Judith Butler. Cet essai théorique bouleverse sa vision de l’identité. Il lui révèle que le genre peut être une construction sociale. Cette idée de performativité façonnera plus tard toute sa démarche artistique.

Au lycée Clemenceau, à Nantes, elle pratique intensément le théâtre. Ensuite, elle rejoint la classe d’hypokhâgne du lycée Fénelon, à Paris. Elle poursuit en khâgne. En 2010, elle intègre l’École normale supérieure de Lyon, au département Lettres et Arts. En parallèle, elle entre au conservatoire d’art dramatique de Lyon.

Ainsi, dès ses premières années, Christine and the Queens affirme un goût pour la scène, le texte et l’incarnation. Ce socle intellectuel et artistique prépare le terrain pour une œuvre engagée, hybride et profondément personnelle.

La naissance de Christine and The Queens : du théâtre à la musique, une révélation

En 2010, après une année particulièrement douloureuse, Héloïse Letissier décide de partir à Londres. Elle loge alors au Madame Jojo’s, un célèbre cabaret de drag situé à Soho. Là, elle rencontre Russella, une drag queen exubérante. À l’issue de cette rencontre, quelque chose change. Elle se sent soudainement libérée, décomplexée. Ainsi naît une idée fondatrice : créer un projet musical.

À partir de là, elle devient Christine and the Queens. Ce nom rend hommage aux drag queens qui l’ont aidée à s’émanciper. Musicalement, son univers pop se nourrit de multiples influences : le rap, la soul, le hip-hop, mais aussi le rock. Parmi ses inspirations majeures, on retrouve David Bowie, Christophe, Kanye West, les génériques de Soul Train, Michael Jackson, Kate Bush ou encore Patti Smith. Dès lors, elle prend une décision radicale : quitter l’École normale supérieure et le conservatoire de Lyon. En 2011, elle est repérée par le label Remark Records. Peu après, elle sort un premier EP, Miséricorde, où chaque morceau rend hommage à l’une des Queens croisées à Londres. Elle commence à se produire sur scène, assurant les premières parties de Lykke Li, Gaëtan Roussel ou Woodkid.

L’année suivante, en 2012, elle publie un second EP, Mac Abbey. Sur scène, elle fascine : ses performances mêlent danse, théâtre et chant. Elle compose d’ailleurs la plupart de ses sons sur GarageBand, ce qui renforce l’originalité de son style. Grâce à cela, elle remporte cette même année le prix Découvertes du Printemps de Bourges, ainsi que le titre de “Première Francos” aux Francofolies de La Rochelle. À la suite de ces succès, elle signe avec Because Music. Le 3 juin 2013, elle sort son troisième EP, Nuit 17 à 52. Progressivement, la reconnaissance s’installe. En 2014, elle est nommée aux Victoires de la musique, dans la catégorie “Révélation scène”.

2014 : Chaleur humaine, de la France à la reconnaissance internationale

Le 2 juin 2014, Christine and the Queens dévoile Chaleur humaine, son premier album. Elle le conçoit comme une œuvre bouillonnante et sensuelle, profondément ancrée dans le corps et le désir. Très vite, elle entame une tournée nationale. En 2014, elle enflamme les scènes françaises, avant d’atteindre La Cigale puis l’Olympia en 2015. Pour ses concerts, elle collabore avec Marion Motin, chorégraphe de Stromae. Ensemble, elles développent un langage corporel unique. Ainsi, ses mouvements s’inspirent à la fois de Michael Jackson et de Pina Bausch, tout en restant profondément personnels. Le 14 avril 2015, elle sort Saint Claude, un EP aux États-Unis sur le label Neon Gold Records. Ce disque comprend cinq titres en anglais, dont une version traduite de sa chanson Christine, intitulée Titled. À partir de là, sa carrière prend un tournant international.

D’ailleurs, le 13 février 2015, elle remporte deux Victoires de la Musique, dont celle de l’interprète féminine de l’année. Deux mois plus tard, pour le Disquaire Day du 18 avril, elle sort un EP collector en édition limitée : Intranquillité. Puis, en octobre 2015, son album est certifié disque de diamant. Le 16 du même mois, elle lance son premier album international. Sur ce projet, elle collabore notamment avec Booba sur Here et Perfume Genius sur Jonathan. Grâce à Chaleur humaine, Christine and the Queens devient l’une des artistes françaises les plus écoutées à l’étranger. L’album dépasse le million d’exemplaires vendus. Enfin, fin 2015, c’est la consécration. Madonna l’invite sur le Rebel Heart Tour pour partager la scène sur le titre Unapologetic Bitch.

2018 : Chris, émergence d’un personnage androgyne

En mai 2018, Héloïse adopte un nouveau nom de scène : Chris. Dès lors, elle assume un style plus androgyne, costume ajusté et cheveux courts. À partir de ce moment, elle revendique une identité fluide, mouvante, insaisissable. Très vite, elle dévoile un nouveau single : Damn, dis-moi (Girlfriend en version anglaise). Ce morceau, à la fois sensuel et revendicatif, annonce son prochain album.

À cette fin, elle s’entoure d’artistes reconnus. Le clip, réalisé par Jordan Bahat et chorégraphié par La Horde, dépasse le million de vues en une semaine. De fait, le Time consacre Girlfriend comme chanson de l’année. En décembre 2018, l’album Chris sort simultanément en français et en anglais. Dès sa sortie, il grimpe en tête des ventes en France. En parallèle, The Guardian le désigne album de l’année.

Dans la foulée, Chris entame une tournée internationale. Elle se produit dans les plus grands festivals, notamment à Coachella pour la 20e édition. Cependant, un drame survient : la mort brutale de sa mère. Par conséquent, elle interrompt sa tournée.

Malgré tout, elle continue de créer. En février 2019, elle rejoint Hamza dans l’émission Planète Rap sur Skyrock. Ensemble, ils présentent leur morceau Minuit 13. Au passage, elle reprend Everybody’s Gotta Learn Sometimes de The Korgis, en version piano-voix. Quelques mois plus tard, le 17 juillet 2019, elle collabore avec Charli XCX. Ensemble, elles sortent Gone, troisième single de l’album Charli.

2020 : La vita nuova, le retour de Christine and The Queens

Le 5 février 2020, Christine and the Queens publie People I’ve been sad sur la page du studio Colors. Peu après, le 27 février, elle dévoile son nouvel EP La vita nuova. À cette occasion, elle rend hommage à l’œuvre de Dante. Parallèlement, elle accompagne la sortie d’un court-métrage du même nom. Elle y danse, seule, sur le toit de l’Opéra de Paris. De toute évidence, l’esthétique est grandiose, lyrique, intensément chorégraphique.

Cependant, la pandémie de Covid-19 bouleverse la promotion. En effet, La vita nuova paraît quelques semaines avant le premier confinement. De ce fait, l’artiste ne peut déployer de stratégie classique de communication. Pour autant, elle ne reste pas inactive. Bien au contraire, elle multiplie les collaborations. Elle partage alors des titres inédits avec Angèle, Yseult, ou encore Charli XCX.

En novembre 2021, elle surprend une nouvelle fois. Cette fois, elle rejoint le groupe Indochine pour une reprise du titre culte 3e sexe, rebaptisé 3SEX. Ainsi, elle continue d’explorer les identités queer et fluides, tout en s’inscrivant dans la grande histoire de la pop française.

2022 : Redcar, un nouvel alias fascinant

En 2022, il publie sur Instagram les indices de création d’un nouvel alias, Redcar. Lunettes de soleil et cheveux gominés, il prévoit deux concerts au Cirque d’Hiver en septembre 2022.