Mostra de Venise 2022 : 9 films très attendus

1. “White Noise” de Noah Baumbauch

 

Avec cette adaptation d’un roman de Don DeLillo, qui a fait l’ouverture de la 79ème Mostra de Venise, le cinéaste américain Noah Baumbach (Greenberg, Marriage Story), se réinvente sans perdre de vue son thème fétiche : les relations familiales conflictuelles. Si on quitte le registre de la comédie new-yorkaise romantique, c’est pour plonger dans un thriller apocalyptique qui mêle l’horreur et l’absurde. White Noise, qui sera diffusé le 30 décembre prochain sur Netflix, dresse le portrait d’une famille américaine qui doit jongler entre les soucis du quotidien, les questionnements métaphysiques et l’arrivée d’une pluie toxique qui va bouleverser leur petite ville du Midwest. Le film, qui a récolté à Venise une standing-ovation de « seulement 150 secondes » (selon le média Variety) est porté par les géniaux Adam Driver (qui incarne un professeur théâtral et charismatique) et Greta Gerwig, actrice fétiche et partenaire de Noah Baumbach qui s’est aussi illustrée en tant que réalisatrice. Mais le meilleur atout de cette fresque sur la “mid-life crisis”, la désintégration de la famille et le délitement du monde d’avant, est sans doute la participation de LCD Soundsystem, à sa bande-son. Pour la première fois en cinq ans, le groupe de dance-rock new-yorkais culte a composé un titre inédit (New Body Rhumba) décrit par Noah Baumbach comme une « une chanson joyeuse sur la mort. » Et de nombreuses rumeurs évoquent déjà une nomination de ce morceau de bravoure hypnotique aux Oscars…

 

White Noise (2022) de Noah Baumbach, diffusé le 30 décembre prochain sur Netflix.

2. “Tár” de Todd Field 

 

Seize ans après son dernier film Little Children (2006), qui mettait en le duo d’actrices formé par Kate Winslet et Jennifer Connelly, l’acteur, réalisateur et producteur américain Todd Field présente son nouveau long-métrage intitulé Tár. Cette fois-ci, il choisit Cate Blanchett, connue pour ses rôles dans Aviator (2005) de Martin Scorsese (Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle en 2005) et Blue Jasmine (2013) de Woody Allen (Oscar de la meilleure actrice en 2014).  L’actrice australo-américaine campe le rôle de la compositrice et première femme chef d’orchestre d’un grand ensemble en Allemagne, Lydia Tár. Ce drame existentiel nous plonge dans l’univers impitoyable et sexiste de la musique classique, et dépeint la vie de cette femme lesbienne à la rigueur et au génie artistique indéniables. Véritable variation sur le prix du succès sur fond du mouvement #MeToo, la dernière réalisation, sur le fil du rasoir, de Todd Field est très attendue, notamment pour la performance de Cate Blanchett, qui pour l’occasion a appris à diriger un orchestre, jouer du piano et parler allemand.

 

Tár (2023) de Todd Field, sortie prévue en février 2023.

3. “The Whale” de Darren Aronofsky

 

 

Depuis son premier long-métrage Pi en 1998, le cinéaste Darren Aronofsky a développé un talent pour la mise en scène de drames psychologiques, mêlant parfois les genres du thriller voire de l’épouvante. Cinq ans après le clivant Mother!, où les acteurs Jennifer Lawrence et Javier Bardem se trouvaient pris dans un huis clos angoissant, le réalisateur américain revient avec son huitième long-métrage The Whale (“La Baleine”), qu’il dévoile en avant-première à la 79e Mostra de Venise. Adapté de la pièce de théâtre éponyme du dramaturge new-yorkais Samuel D. Hunter, le scénario du film met en scène Charlie, un ancien professeur d’anglais isolé dans l’Idaho et immobilisé par son obésité morbide due à une hyperphagie maladive. Pour incarner ce quinquagénaire pesant 270 kilos, l’acteur américano-canadien Brendan Fraser, connu pour son rôle dans la saga La Momie, la comédie Georges de la jungle (1997) ou encore Collision (2004), réapparaît métamorphosé après avoir suivi un régime extrême pour se mettre dans la peau du personnage. Suite à une rupture amoureuse, le personnage de Charlie tente de se rapprocher de sa fille de 17 ans, un rôle incarné par la jeune actrice Sadie Sink reconnue pour son interprétation de Maxine Mayfield dans la série Netflix à succès Stranger Things, avant de faire la rencontre d’un adolescent avec lequel il développe une complicité. Un drame familial avec également au casting les acteurs Hong Chau et Samantha Morton, qui promet d’entrer dans la psyché d’un personnage torturé, comme l’avait déjà fait Darren Aronofsky au sein de ses films Requiem for a Dream (2000), The Wrestler (2008) et Black Swan (2010), tous trois acclamés par la critique.

 

The Whale (2023) de Darren Aronofsky diffusé en salle le 23 février 2023.

4. “Bardo, fausse chronique de quelques vérités” de Alejandro González Iñárritu

 

En plus des dernières réalisations de Noah Baumbach ou Romain Gavras, le nouveau long-métrage produit et distribué par Netflix à habiter la sélection de la 79e Mostra de Venise n’est autre que celui d’Alejandro G. Iñárritu, cinéaste mexicain habitué au film choral (Amours chiennes, Babel). Avec Bardo, fausse chronique de quelques vérités, après avoir raflé quatre Oscars en 2014 pour son excellent Birdman (dont “meilleur film” et “meilleur réalisateur”) et fait un carton planétaire en grimant Leonardo DiCaprio en survivant assoiffé de vengeance dans The Revenant (2016), le réalisateur revient tourner dans sa ville d’origine, Mexico, et se penche sur la psyché de Silverio, un journaliste et documentariste réputé basé à Los Angeles qui revient dans son pays natal avant de traverser une longue crise existentielle. En miroir, sans doute, avec la propre histoire d’Iñárritu qui, fortement impliqué dans le cinéma mexicain – là-bas, il a d’ailleurs fondé, avec ses homologues Guillermo del Toro et Alfonso Cuaron, sa propre société de production – a ensuite été happé par Hollywood. Le film, dont le casting n’affiche aucune star internationale, promet un merveilleux retour aux sources pour le cinéaste dont les expérimentations de début de carrière ont assis sa réputation. 

 

Bardo, fausse chronique de quelques vérités (2022) d’Alejandro G. Iñárritu disponible sur Netflix le 16 décembre 2022.

5. “Athena” de Romain Gavras

 

Il pourra être regardé sur petit comme sur grand écran : Athena, réalisé par Romain Gavras et produit par Netflix, s’annonce comme l’un des films les plus percutants de cette année. S’il s’aventure dans la veine déjà très exploitée des affrontements (et débordements) entre police et jeunes de cité, ce drame social s’éloigne des films comme BAC Nord (2020) de Cédric Jimenez et Audrey Diwan ou Les Misérables (2019) de Ladj Ly — qui a co-écrit ce film — qui concentrent leur point de vue sur un seul des deux camps. En effet, le cinéaste français choisit, ici, de placer la balle entre les deux. Ainsi, rappelé du front car son frère vient de mourrir, Abdel revient dans le quartier du Parc aux Lièvres à Évry, où il a grandit. Décédé des suites d’une intervention de police, son cadet est devenu l’emblème d’une lutte à ciel ouvert affrontant ceux qui nient la bavure et ceux qui la portent en étendard. Déchiré entre son métier et sa famille, Abdel se retrouve au cœur de la cité Athena, en proie au chaos. 

 

Athena (2022) de Romain Gavras, diffusé dans les salles et sur Netflix le 23 septembre 2022. 

6. “Bones and All” de Luca Guadagnino

 

Il est connu pour sa “Trilogie du Désir” composée d’Amore (2009) avec l’actrice britannique Tilda Swinton, de A Bigger Splash (2015), un remake de La Piscine (1969) de Jacques Deray avec Alain Delon et Romy Schneider, et Call Me By Your Name (2017), qui a révélé l’acteur franco-américain Timothée Chalamet. En 2022, Luca Guadagnino revient avec un thriller horrifique qu’il présente pour la première fois à la Mostra de Venise. Bones and All est le récit d’une histoire d’amour et de cannibalisme entre deux adolescents incarnés par Timothée Chalamet et l’actrice canadienne Taylor Russell. Dans ce road movie cannibale, basé sur le roman coming-of-age éponyme de la romancière américaine Camille DeAngelis sorti en 2015, la jeune Maren Yearly, à la recherche de son père, croise la route de Lee, jeune garçon cannibale. Après Suspiria (2018), remake du maître de l’horreur italien Dario Argento, le réalisateur italien propose un nouveau long-métrage d’épouvante qui devrait ravir les aficionados du genre.

 

Bones and All (2022) de Luca Guadagnino, sortie en novembre 2022.

7. “The Son” de Florian Zeller

 

Tout, du réalisateur au casting en passant par le scénario, est impressionnant : adapté d’une pièce de théâtre du dramaturge français ultra-primé Florian Zeller, le film The Son est un des plus attendu de cette Mostra 2022. Relatant l’histoire d’un couple séparé qui peine à maintenir une relation saine avec leur fils de 17 ans, ce drame explore les difficultés quotidiennes d’une famille recomposée. En tête d’affiche du film, on ne retrouve que des têtes oscarisées : Laura Dern, Hugh Jackman, Vanessa Kirby, Anthony Hopkins, qui ont presque toutes déjà interprété avec brio des drames familiaux tels que, respectivement, Mariage Story (2019), Prisoners (2013), Pieces of a Woman (2020), ou encore The Father (2021), autre adaptation multi-récompensée d’une de ses pièces par Florian Zeller. Un long-métrage qui promet d’être riche en émotions, profondément lié à la vie intime de chacun de ses futurs spectateurs. 

 

The Son (2022) de Florian Zeller, diffusé en salles le 11 novembre 2022.

 

8. “Les Miens” de Roschdy Zem

 

Déjà en compétition à la Mostra de Venise en tant que comédien dans le prochain film de Rebecca Zlotowski, Roschdy Zem défend également un nouveau drame familial, qu’il a réalisé et co-écrit avec Maïwenn. Les Miens (en salle en septembre 2022) raconte l’histoire de Moussa (Sami Bouajila déjà dirigé par Zem dans Omar m’a tué en 2011) un homme et altruiste, à l’opposé de son frère qu’il admire et défend, Ryad (Roschdy Zem), un présentateur télé célèbre égoïste et égocentrique. Suite à traumatisme crânien, le gentil Moussa se transforme en un homme dur et irascible qui n’hésite pas à dire à ses proches leurs quatre vérités, sans sommation. Alors que tout le monde lui tourne le dos, il va se rapprocher de son frère. Aux côtés des deux acteurs, un casting prestigieux composé de Maïwenn, Rachid Bouchareb (réalisateur d’Indigènes en 2006), Carl Malapa et Anaïde Rozam (vus dans Les Olympiades de Jacques Audiard en 2021).

 

Les miens (2022) de Roschdy Zem, sortie prévu en septembre 2022. 

9. “Les enfants des autres” de Rebecca Zlotowski

 

Avec aux manettes la réalisatrice française Rebecca Zlotowski, l’histoire de ce récit intime et touchant se révèle être un sujet peu exploré dans le cinéma. Ainsi, prévu dans les salles pour le 21 septembre 2022, Les enfants des autres dresse le portrait d’une professeure sans enfants qui tombe amoureuse d’un homme déjà papa d’une petite fille. Interrogeant son désir de maternité, elle tente de trouver sa place dans cette nouvelle famille. Malgré l’incertitude de cette relation naissante entre elle et lui, la femme prend le risque d’aimer avec le même amour, le père et sa fille. Portée par l’actrice belgo-française — nouveau visage phare du cinéma — Virginie Efira, cette comédie dramatique déconstruit surtout les stéréotypes de la famille recomposée. Rebecca Zlotowski, auparavant présidente du jury de la Révélation du Festival de Deauville 2020, et future réalisatrice de l’adaptation du roman érotique Emmanuelle avec l’actrice française Léa Seydoux, dévoile, à travers ce film, un pan de sa vie privée. Elle révèle notamment avoir été traumatisée, enfant, à cause de la disparition de sa mère prenant pour seul refuge le cinéma à défaut d’avoir une présence féminine physique. Un projet juste et sensible qui permet de s’affranchir des clichés de la belle-mère tyrannique.

 

Les enfants des autres (2022) de Rebecca Zlotowski, diffusé dans les salles le 21 septembre 2022.