16 sept 2022

Selling Sunset : Jason Oppenheim nous dévoile les secrets des villas de stars

Ex-avocat devenu courtier immobilier, conférencier TED Talk, patron de l’agence Oppenheim et star de l’émission de télé-réalité Selling Sunset sur Netflix, l’Américain Jason Oppenheim, 45 ans, est l’une des figures les plus respectées du milieu, très glamour et concurrentiel, des villas de luxe à Los Angeles. Celui qui a effectué des transactions de prestige estimées (dans leur globalité) à plus d’1 milliard de dollars est même considéré par de nombreux médias comme le meilleur agent immobilier de son pays. Alors que Selling The OC, le spin-off de Selling Sunset consacré à la nouvelle agence immobilière Oppenheim installée à Orange County, est disponible sur Netflix depuis le 24 août, rencontre avec un homme d’affaires dont les clients se nomment Dakota Johnson, Orlando Bloom et Meryl Streep.

Jason Oppenheim, courtier immobilier et patron du groupe Oppenheim

Numéro : L’émission de télé-réalité Selling The OC est disponible sur Netflix depuis le 24 août. Pouvez-vous nous parler des différences avec Selling Sunset ?

Jason Oppenheim : Le show parle de notre agence à Newport Beach, dans le comté d’Orange. Le marché immobilier est différent de celui de Los Angeles, où se tourne Selling Sunset. Dans Selling The OC, tout tourne autour de la mer, des bateaux, de la plage, à cause du cadre de l’action. À Los Angeles, les clients cherchent plutôt des maisons dans la ville, avec de belles vues et de grands terrains. Les deux bureaux sont aussi très différents. Dans celui de Los Angeles se trouvent beaucoup d’amis de longue date tandis qu’à Newport Beach, ce sont des agents que j’ai découverts il y a peu et que j’apprends encore à connaître. Ce sont de jeunes garçons et femmes très dynamiques qui travaillent comme dans une agence de courtage, en rapportant des biens, alors qu’à Los Angeles, les agentes travaillent plus comme une équipe. L’autre différence entre les deux shows, c’est que la production a décidé de montrer des agents et des agentes immobilières dans Selling The OC tandis que pour Selling Sunset, seules des femmes sont mises en scène, même si en fait, il y a aussi des hommes dans notre agence de Los Angeles. Il faut dire que le milieu de l’immobilier dans la Cité des Anges est dominé par les femmes.

 

Dans Selling Sunset, des mélodrames font irruption à chaque épisode. Et les agentes immobililières ne cessent de se disputer. Mais, à l’écran, vous gardez toujours votre calme. Quel est votre secret ? La méditation ? 

Il y a quelques années, je n’étais pas aussi calme (rires). Je réagissais très rapidement dès que de petites choses arrivaient, avant. Aujourd’hui, beaucoup moins. La vérité est que j’ai vu un thérapeute. Cela m’a permis de réaliser que tout n’est pas important. J’ai appris au fil des années à prendre du recul car j’ai du dealer avec des problèmes liés à des clients, à des agents et à d’autres relations interpersonnelles. Il y a des soucis non-stop. Du coup, quand quelque chose de négatif arrive, je prends une grande respiration et j’essaie de relativiser avant de m’énerver. 

 

Vous travaillez avec votre frère jumeau, Brett Oppenheim, dont vous avez l’air très proche. Est-ce difficile de collaborer au jour le jour avec un membre de votre famille ?

C’est la personne la plus proche de moi et nous sommes aussi proches que deux êtres humains peuvent l’être. En plus d’être un membre de ma famille, c’est aussi un ami. Nous sommes plus amis que collègues. Mais par moments, c’est difficile. On se dispute beaucoup à propos de décisions à prendre. Nous avons d’ailleurs un manager qui arbitre quand nous n’arrivons pas à nous mettre d’accord. 

Comment recrutez-vous les agents immobiliers de vos agences ?

Je ne leur fais pas passer d’entretien formel et je ne m’arrête pas aux CV et à leur expérience. Je les invite à déjeuner, puis je les présente à d’autres personnes avec lesquelles je travaille pour avoir leur avis à leur sujet. Je les rencontre plusieurs fois et je prends du temps pour apprendre à les connaître et voir s’ils dégagent de bonnes vibrations. Je me demande s’ils vont s’entendre avec les autres agents.

 

Quelles sont les qualités que les agents doivent posséder pour réussir dans ce métier ?

Etre professionnels, ambitieux, sophistiqués et avoir envie d’apprendre, même s’ils n’ont jamais fait d’immobilier avant. Mais c’est difficile de trouver toutes ces qualités dans une seule et même personne. Donc je dirai que la chose la plus importante que je recherche chez un agent immobilier, c’est le potentiel, même si c’est quelque chose de difficile à définir. On peut s’en rendre compte seulement en discutant avec la personne et en prêtant attention à certains détails. On peut ainsi se rendre compte de ce à quoi ils prêtent de la valeur, de leur vision de l’agence, de leur leur intelligence. 

 

Beaucoup de personnes veulent se reconvertir dans l’immobilier. Que doit-on savoir avant de franchir le pas ?

Quand on débute, on doit énormément travailler et avoir de l’ambition. Quand j’ai commencé, c’était toute ma vie. Je n’avais pas de copine, ni d’enfant. Toute ma vie était dédiée, 24h sur 24 à mon métier. Mais je pense que c’est la même chose pour n’importe quel travail. On doit être dévoué à son boulot pour réussir.

Jason Oppenheim entouré de son frère Brett Oppenheim et des agentes immobilières Christine Quinn et Chelsea Lazkani dans la saison 5 de « Selling Sunset » sur Netflix

Votre fortune est estimée à 50 millions de dollars. Comment devient-on aussi riche ? En se levant très tôt le matin ? 

Je ne me lève pas spécialement tôt. Ce matin, je me suis réveillé à 9h30 par exemple mais en même temps je suis à Paris, avec mon amie. On ne doit pas changer qui l’on est. Je ne pense pas qu’il y ait une astuce ou un secret pour bien gagner sa vie, à part travailler dur.  Je ne me suis jamais concentré sur l’envie de devenir riche. Je n’ai jamais employé ce terme d’ailleurs. Si on veut gagner de l’argent, il faut plutôt parier, à mon avis, sur le concept de réussite – et de bien faire son travail – plus que sur l’argent. J’essaie de devenir le meilleur agent que je puisse être et après, j’espère que le reste suivra.

 

Avant de vous lancer dans l’immobilier, vous étiez avocat. En quoi cela vous-a-t-il aidé à devenir l’un des meilleurs courtiers et agents du pays ?

Avoir fait une école de droit et exercé pendant des années en tant qu’avocat m’a permis de penser de manière critique, ce qui constitue le meilleur atout, pour n’importe quel job. Car pour résoudre un problème, il faut souvent penser en dehors des sentiers battus. Mon expérience d’avocat m’a aussi appris à comprendre les contrats et l’art de la négociation. Ça m’a aussi aidé à être stratégique et à plaider en faveur des clients, ce qu’on fait continuellement dans l’immobilier.

 

Quel est la plus belle maison que vous ayez vue ?

Il y en a plusieurs et je regrette de ne pas les avoir achetées. Je pense notamment souvent à une maison située au 7000 Macapa que j’ai vendue. C’est une cabane en bois de luxe construite par l’architecte américain Harry Gesner et placée au bout d’une impasse privée, avec un grand terrain et une vue magnifique. 

Est-ce que le Covid a changé les habitudes d’achat des clients huppés à Los Angeles ?

Avec le Covid, Los Angeles a connu beaucoup de difficultés : le crime qui augmente, des personnes se retrouvant sans abris, des taxes élevées… Beaucoup de gens ont voulu s’échapper. Beaucoup de personnes quittent Los Angeles, notamment pour Newport Beach. C’est aussi pour ça que j’ai ouvert un bureau là-bas. Le lifestyle a changé. De nombreuses personnes cherchent aussi avant tout un extérieur. Et s’ils n’ont pas de jardin, ils veulent un environnement où pouvoir marcher qui soit agréable comme être près de l’océan par exemple, ou voir des arbres. Tout est plus orienté « outdoor ».

 

Connaissez-vous le marché français ? Quelles sont les différences entre Los Angeles et Paris ?

A Paris, on apprécie avant tout la beauté et le côté historique des lieux. On sait qu’on ne va pas avoir beaucoup d’espace. On sacrifie la surface d’une salle de bain ou d’un salon parce qu’on sait que c’est le prix à payer pour vivre dans une ville aussi magnifique. À Los Angeles, on doit prendre sa voiture pour aller dans un endroit précis. On sorti rarement pour marcher dans la rue afin de simplement apprécier son quartier.

 

Quand on achète une maison, que faut-il privilégier ? 

C’est une bonne question. Il ne faut pas se faire piéger par la décoration et les finitions : un beau tapis, des meubles à la mode. Il faut se concentrer sur la qualité des matériaux, la taille des différentes pièces, le terrain. Il faut s’assurer de la pérennité de la maison. Se voit-on dans cet endroit pendant les dix prochaines années ? Je dirai que l’emplacement passe en premier, puis la qualité et la grandeur du terrain (s’il y en a un) et enfin, la maison.

Vous avez vendu de nombreuses maisons à des célébrités. Qu’avez-vous vu de plus fou dans une villa de star ?

Beaucoup de stars possèdent des « sex rooms ». Certaines ont des goûts effroyables en décoration. Je suis toujours surpris de voir à quel point des gens peuvent avoir mauvais goût et ne pas en avoir conscience et le reconnaître. Je ne dois pas blesser les clients mais en même temps je dois vendre leur maison. Une grande partie de mon travail consiste à dire à des gens ce qu’ils ne veulent pas entendre, comme un psychiatre ou un psychologue. J’apporte souvent des mauvaises nouvelles (rires). J’ai la réputation d’être honnête. Après, ça plait à certains clients mais ça m’a aussi fait perdre des contrats. Car c’est toujours compliqué de signaler à quelqu’un que sa décoration est de mauvais goût, alors que cette personne y a consacré du temps et de l’argent. Quant à ce que j’ai vu de plus fou, il s’agit sans doute du plafond de la maison de Kanye West sur lequel une peinture de lui en Jésus figure. Le rappeur a également converti une salle de bain en aquarium, ce que j’ai trouvé intéressant.

 

Selling Sunset (depuis 2019) et Selling The OC (2022), disponibles sur Netflix.

Le casting de la saison 1 de « Selling The OC » sur Netflix
Jason Oppenhein et sa petite amie, la mannequin Marie-Lou Nurk Had. Photo par Charlotte Iobry.