Rencontre avec Géraldine Nakache, de Tout ce qui brille à LOL : qui rit, sort !
Depuis la sortie de son premier film en tant qu’actrice (Comme t’y es belle ! en 2006) et en tant que réalisatrice (Tout ce qui brille, 2010), Géraldine Nakache, 43 ans, occupe une place à part dans le paysage du cinéma français. En tant que comédienne, elle se révèle aussi à l’aise dans le rôle d’une directrice d’hôpital dans la série Hippocrate que dans la série humoristique Le Flambeau (2022) de Jonathan Cohen. Ce mercredi 10 mai, c’est avec beaucoup d’émotion qu’elle donne la réplique à son idole de jeunesse, Agnès Jaoui, dans Le cours de la vie. Rencontre avec l’une des étoiles les plus attachantes du cinéma hexagonal.
propos recueillis par Nathan Merchadier.
Il y a plus de quinze ans, on découvrait l’actrice solaire Géraldine Nakache dans la comédie Comme t’y es belle (2006) de Lisa Azuelos. Ce premier rôle sur grand écran laissait déjà présager la grande carrière à laquelle elle allait se destiner, car la comédie semblait déjà à l’époque s’inscrire comme l’un des éléments central de sa vie. À l’âge de 19 ans, la future actrice était directrice de casting sur l’émission Groland de Canal+. Quelques années plus tard, elle devenait assistante de réalisation pour les fictions comiques des Guignols, toujours sous l’étendard de la chaîne cryptée.
Des coulisses du petit écran aux avant-premières de longs métrages, il n’y a qu’un pas et Géraldine Nakache s’inscrit bientôt dans le sillage de son grand frère, le réalisateur Olivier Nakache (Intouchables, 2011). Que ce soit dans l’inaugural Tout ce qui brille (2010), qu’elle réalise en plus de tenir l’un des deux premiers rôles – celui d’une jeune fille de banlieue rêvant d’une autre vie avec Leïla Bekhti (sa sœur dans le film et son amie proche au quotidien) – ou dans J’irai où tu iras (2018), elle imprègne les salles obscures de ses personnages issus “de la vraie vie”.
Rencontre avec Géraldine Nakache, à l’affiche du film Le cours de la vie
Récemment, c’est dans le registre de l’humour piquant qu’elle s’est illustrée. On a en effet vu l’actrice dans les deux séries à succès de Jonathan Cohen (La Flamme, 2020 et Le Flambeau, 2022), gagnant ainsi le cœur d’une audience plus jeune et devenant bankable auprès d’un public toujours plus large. Après avoir intégré en avril 2023 la fine équipe de l’émission LOL : qui rit sort (aux côtés de Pierre Niney et de la tout juste césarisée Virginie Efira), Géraldine Nakache incarne aujourd’hui le rôle d’une régisseuse d’école de cinéma avec Agnès Jaoui dans Le cours de la vie, une comédie dramatique évoquant le milieu du septième art.
Numéro : Qu’est-ce qui vous a attirée en découvrant le scénario du film Le cours de la vie ?
Géraldine Nakache : C’est amusant parce que je n’ai pas découvert ce scénario comme une actrice à qui on avait proposé un rôle ! Je l’ai lu car j’ai parlé de l’adoration que je voue à Agnès Jaouï à la productrice du film, Véronique Zerdoun, avec laquelle j’ai par ailleurs travaillé sur le film Vacances. Quelques semaines plus tard, j’ai finalement reçu un message m’informant que le rôle du régisseur – qui devait à l’origine s’appeler José – venait de se libérer et qu’on me proposait de le jouer.
Dans ce film, vous jouez aux côtés d’Agnès Jaoui. Comment c’était de donner la réplique à son idole de jeunesse ?
Lorsqu’on m’a fait la proposition du rôle, j’étais submergée d’émotions, mais sur le tournage c’était différent. J’avais les mains moites et envie de crever car j’avais peur de mal jouer. Au bout de deux ou trois prises, j’ai senti que je n’étais pas à 100% de mes capacités de jeu. Je suis donc allée lui avouer que j’aimais beaucoup son travail en tant qu’actrice et que j’étais stressée de jouer à ses côtés. Aujourd’hui, je me dis que j’ai eu de la chance et que j’aimerais pouvoir jouer avec elle à nouveau. Donc je lance un appel à d’autres metteurs en scène qui voudraient nous faire jouer ensemble [Rires].
“J’aimerais tourner avec Cate Blanchett même si ça peut paraître impossible” – Géraldine Nakache
Quel serait le prochain acteur ou la prochaine actrice avec qui vous rêveriez de jouer ?
Il y a plein d’acteurs et d’actrices qui m’inspirent. J’aimerais tourner avec Cate Blanchett même si ça peut paraître impossible. En ce moment, sur le tournage de la série Hippocrate, je tourne avec Bouli Lanners et je dois reconnaître que c’est un acteur avec lequel j’avais très envie de travailler. Pour son étoffe et pour ce qu’il offre dans les films. Quand je suis sur le plateau, je me sens très reconnaissante de pouvoir lui donner la réplique.
Vous fêterez bientôt vos vingt bougies en tant qu’actrice. Vers quels genre de rôle souhaitez-vous aller aujourd’hui ?
20 ans… Ça met une petite tarte. Je me dirige naturellement vers les choses que j’aime le plus et j’ai un amour profond pour la comédie. C’est très précis, très musical et un peu plus fatiguant à fabriquer et peut-être plus fragile, mais je trouve ça merveilleux. Quand je tourne chez Jonathan Cohen ou avec Pierre Niney sur une série pour Netflix (dans Fiasco) produite par Igor Gotesman, je me sens au bon endroit ! Pour autant, quand je défends un film comme Le cours de la vie avec Agnès Jaoui, je n’ai pas l’impression de faire un grand écart. Je crois que j’ai juste envie de raconter quelque chose à travers mes rôles.
Quelle est la question que l’on vous pose systématiquement en interview et à laquelle vous n’avez plus envie de répondre ?
“Si tu devais choisir entre la comédie et le reste” [Rires]. Mais en réalité, je comprends pourquoi les gens me posent cette question. Ce qui m’embête le plus, c’est peut-être quand on me pose en interview des questions sur ma vie privée.
Y a-t-il des films dont vous êtes si peu fière que vous ne les montrerez pas à vos enfants ?
Non, je pense qu’en montrant ses films à ses enfants, on peut aussi leur dire que parfois, dans la vie, on fait des erreurs. Il n’y a rien de ce que j’ai fait ou réalisé qui me semble répréhensible. Après il y a des films que j’ai tournés et que je trouve nuls comme L’Ex de ma vie (2014) par exemple. Ce n’est peut-être pas le premier que je montrerais à ma fille. Mais je trouve que les échecs font aussi partie des choses qui nous aident à avancer. Et puis on parle d’échecs de cinéma… Il y a d’autres échecs plus importants et plus marquants dans une vie. Comme j’ai commencé en tant que metteuse en scène avec Tout ce qui brille (2010), j’avais par la suite une soif de faire l’actrice chez les autres. Je me disais que je pouvais m’inclure en tant qu’actrice dans mes propres films mais que d’autres réalisateurs n’auraient peut-être pas envie de me choisir. C’était une vraie question qui m’a abandonnée il n’y a pas si longtemps.
Plus de dix ans après avoir réalisé votre premier film, Tout ce qui brille (2010), les gens continuent-ils à vous en parler ?
Oui et j’en suis ravie. Je pense que c’est comme pour un chanteur qui a fait des tubes. On me demande encore des nouvelles de Leïla Bekhti, parce que dans ce film, c’est mon amie. Dans J’irai où tu iras (2018), c’est ma sœur et je crois que les gens ont aussi compris cette filiation forte que l’on a l’une envers l’autre.
“Si je ne choisis pas Leïla Bekhti pour jouer dans mon prochain film, il risquerait d’y avoir une manifestation en bas de chez moi” – Géraldine Nakache
Si vous deviez rassembler trois acteurs français pour jouer dans votre prochain film, qui choisiriez-vous ?
Si je ne dis pas Leïla Bekhti, il risquerait d’y avoir une manifestation en bas de chez moi. Donc je dirais que je la prendrais en tant qu’actrice, avec Penélope Cruz également, pour faire plaisir à des amis et parce que c’est une super actrice ! Et en dernier invitée, pourquoi pas Catherine Deneuve…
C’est un sacré casting …
C’est sûr, si vous allez au cinéma MK2 le plus proche dans une heure ou deux, vous pourrez déjà découvrir le film [Rires].
Durant la dernière Fashion Week de Paris, on vous a vue aux premiers rangs des défilés. Quelle place occupe la mode dans votre vie ?
Si l’on veut être réaliste, ça occupe une place de l’ordre de 2%, mais si vous m’aviez posé la question quand j’avais 21 ans, je vous aurais peut-être dit que ça occupait 72% de ma vie. Aujourd’hui, j’ai d’autres préoccupations plus urgentes mais la place que j’y accorde est vraiment assumée. Plus globalement, j’aime quand on me raconte des histoires, que ce soit à travers un titre d’Orelsan ou un défilé de Marine Serre. Le vêtement a toujours été pour moi une manière de raconter qui j’étais.
Quel a été le premier achat mode qui vous a marquée ?
Le jour où j’ai réussi à me payer un trench Burberry. Pour la confidence, j’étais assez petite et j’avais pu me le procurer en taille enfant (en 14 ans) car c’était beaucoup moins cher. Je l’ai toujours chez moi. C’est une pièce qui m’a marquée.
Quelle tendance mode oubliée devrait être remise au goût du jour selon vous ?
J’aimais bien la petite barrette à paillettes que les filles comme Kate Moss portaient à l’époque. C’était la classe !
Toi non plus tu n’as rien vu, Je ne suis pas un héros, Fiasco… Votre programme pour les prochains mois semble bien chargé…
En ce moment, je passe du tournage d’une série hilarante comme Fiasco pour Netflix à une autre série qui s’appelle Les enfants sont rois, adaptée du livre de Delphine de Vigan dans un univers bien plus profond. C’est ce grand écart entre les genres cinématographiques qui m’intéresse.
Le cours de la vie (2023) avec Agnès Jaoui de Frédéric Sojcher, au cinéma 10 mai 2023.