2 juil 2024

Vincent Lacoste et Anaïs Demoustier se confient sur leur histoire d’amour sulfureuse dans Le Temps d’aimer

Canal+ diffuse ce mardi 2 juillet 2024 le film Le Temps d’aimer, une puissante fresque romanesque et romantique signée Katell Quillévéré (Réparer les vivants, Suzanne). Lors de l’avant-première du film, qui s’est tenue en 2023 au Forum des images, à Paris, les deux acteurs principaux, les magistraux Anaïs Demoustier et Vincent Lacoste, ont raconté les dessous de ce long-métrage sulfureux qui évoque un sujet tabou : celui des femmes qui ont eu des histoires d’amour avec des nazis durant la Seconde Guerre mondiale.

propos recueillis par Violaine Schütz.

Que l’on tombe sous son charme ou qu’il nous dérange profondément par son propos et ses scènes « sexplicites », Le Temps d’aimer (diffusé ce mardi 2 juillet 2024 sur Canal+) ne laissera personne indifférent. En effet, cette fresque ambitieuse, romanesque et poignante signée Katell Quillévéré (Réparer les vivants, Suzanne, Le Monde de demain) ose aborder plusieurs sujets tabous, notamment à travers des images d’archives inédites. Il y est en effet question de ces femmes françaises qui ont été traitées en pestiférées (et tondues) après avoir couché avec l’ennemi durant la Seconde Guerre mondiale : les nazis. Et des mères « défaillantes » qui ont du mal à ressentir de l’amour maternel pour leur propre enfant.  

Le Temps d’aimer : un film de Katell Quillévéré qui aborde des sujets tabous

On y suit la vie de Madeleine (Anaïs Demoustier), dès les années 40. On la découvre d’abord, le crâne rasé, fuyant l’opprobre populaire dans une ruelle lors de la Libération. Puis, quelques années plus tard, sur une plage, en serveuse d’un hôtel-restaurant. Alors mère célibataire d’un petit garçon (qu’elle a eu avec un soldat allemand nazi), elle croise le regard intense et mystérieux de François (Vincent Lacoste), un étudiant dandy, riche et cultivé (et boiteux) qui semble lui aussi cacher un secret (son homosexualité). Durant plusieurs décennies, ces deux-là vont se (dé)couvrir tout en apprenant à s’aimer, en élevant un enfant et en travaillant ensemble (dans un dancing où se rendent les soldats américains).

Lors de l’avant-première du Temps d’aimer, qui se tenait en octobre 2023, au Forum des images, à Paris, l’acteur Vincent Lacoste expliquait à propos de l’homme mystérieux qu’il joue : « Nos personnages sont profonds, complexes, habités, fébriles. Je suis quelqu’un de vraiment très fébrile, du début à la fin du film (rires). » La comédienne Anaïs Demoustier joue, de son côté, brillamment le rôle d’une femme confrontée à une maternité malheureuse, qui a du mal à aimer son enfant. « Ce sont des personnages très riches et très intéressants à jouer. Je pense que c’est rare de lire des scénarios comme celui du Temps d’aimer, qui rendent compte de la réalité complexe de la vie, de ce qu’on ressent. Dans le cas de mon personnage, le rapport à son enfant est compliqué, tout comme son histoire d’amour, qui est tout sauf celle d’un couple banal. C’est une histoire d’amour qui raconte à quel point être en couple, c’est une bataille de chaque instant et ça peut être douloureux. Il y a une vraie honnêteté par rapport à ça. »

 
 
 
 
 
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Deux acteurs en majesté et très complices : Anaïs Demoustier et Vincent Lacoste

Lors de la présentation du film en avant-première, les deux comédiens ont aussi expliqué que leur amitié et leur complicité les avait aidés à tourner les scènes de sexe de scène très explicites du long-métrage mélodramatique et bouleversant. Le talentueux Vincent Lacoste, au sommet de son art dans Le Temps d’aimer, note : « Avec Anaïs, on a déjà tourné plusieurs films ensemble et nous sommes très amis dans la vie. C’est toujours une expérience de tourner avec quelqu’un qu’on connaît très bien. Ça peut être bien autant qu’handicapant. On a notamment des scènes un peu hot dans le film, je ne vous cache pas. Pour le coup, ça nous a plutôt aidés, de se connaître. Il y avait beaucoup de confiance et aucune gêne, ni ambiguïté. Je pense qu’on joue toujours mieux quand on écoute l’autre et quand on tourne avec quelqu’un qu’on apprécie. Et moi, j’apprécie énormément Anaïs comme personne, mais aussi comme actrice. Je trouve que c’est une immense actrice. On oublie l’amitié, d’ailleurs, le temps d’un tournage. Pas après les journées, mais au moment où on joueL’actrice comme la femme sont géniales. » 

Anaïs Demoustier poursuit : « C’était vraiment beau parce qu’on est, en effet, très amis. On avait joué dans le film de Quentin Dupieux Fumer fait tousser, dans lequel on arborait des faux seins, des casques et des combinaisons de super-héros. Ça n’avait rien à voir, par rapport à l’engagement romantique que nous demandait que nous demandait le film de Katell. J’étais étonnée aussi, parce que Vincent propose dans Le Temps d’aimer quelque chose de très différent de ces autres films, de nouveau. J’étais contente de le voir, de près, aller vers un personnage très éloigné de ce qu’il a eu l’habitude de jouer. »

Le Temps d’aimer : un film inspiré par la grand-mère de la réalisatrice, Katell Quillévéré

Le titre du film de Katell Quillévéré fait référence à un film du réalisateur allemand (puis américain) Douglas Sirk, Le Temps d’aimer et le Temps de mourir (1958). Lors de l’avant-première du Temps d’aimer, au Forum des images, à Paris, Katell Quillévéré expliquait : « Douglas Sirk avait un secret et on a mis beaucoup de temps à en parler. Il a eu un enfant avec une femme dont il s’est séparé. Et lorsqu’il a quitté l’Allemagne, il n’a jamais revu son enfant qui s’était enrôlé dans les jeunesses allemandes. Ne jamais l’avoir revu restera le drame de sa vie. Pour le voir, il regardait des films de propagande hitlérienne. Le Temps d’aimer et le Temps de mourir parle de ça. »

Le point de départ du Temps d’aimer se situe, de son côté, dans la vie de la grand-mère de Katell Quillévéré, qui elle aussi cachait un secret. « Le film s’inspire de l’histoire de ma grand-mère qui, quand elle avait 17 ans, a eu une histoire avec un soldat allemand pendant l’occupation. C’était sa première histoire d’amour, sa première relation sexuelle. Et elle s’est retrouvée enceinte et a eu un enfant. Sa vie a complètement basculé à partir de là. Venant d’un milieu assez modeste, elle a rencontré, comme dans le film, quatre ans plus tard, sur une plage de Bretagne, un jeune homme qui venait quant à lui d’un milieu plus aisé, qui était mon grand-père et qui l’a épousée (et qui a adopté son enfant). Toute leur vie, ils ont gardé le secret de cette paternité. Mais ensuite, le film bascule complètement dans la fiction. »

« Il n’y a rien de pire qu’un réalisateur qui fait peser son histoire familiale sur les acteurs. » Vincent Lacoste

Pour Anaïs Demoustier, le fait que Le Temps d’aimer s’inspire d’une histoire familiale (en plus de la grande histoire avec un H), a ajouté un défi supplémentaire concernant l’interprétation du personnage de Madeleine. Elle expliquait, lors de l’avant-première du film : « Ça compte quand même. Ça m’est arrivé deux fois, seulement, de jouer l’histoire de quelqu’un qui a vraiment vécu… Cela donne une sorte de responsabilité. On a envie d’être à la hauteur, surtout qu’il s’agit là de quelqu’un de très proche de Katell. Ça nous engage encore plus. Après, ça reste un scénario, une histoire très romanesque, pleine de magnifiques scènes à jouer… Les histoires personnelles ne sont pas toutes intéressantes. Celle-là l’est, cinématographiquement, et c’est surtout ça aussi que j’ai ressenti. »

Vincent Lacoste acquiesce : « Je suis d’accord avec Anaïs, parce qu’il n’y a rien de pire qu’un réalisateur qui fait peser son histoire familiale sur les acteurs. Et qui te dirait : « Tu as intérêt à être bon parce que ce sont quand même ma grand-mère et mon grand-mère. (rires) Katell n’a absolument pas fait ça, au contraire. Et surtout, le film est vraiment très romanesque. Nous, on l’a pris comme une histoire. Katell voulait raconter une grande histoire d’amour et réaliser un long-métrage dans la lignée des films de Douglas Sirk, de grandes fresques romanesques, de vrais mélodrames. Après, Katell nous a quand même montré des photos de ses grands-parents, parce qu’ils ont inspiré nos personnages. Elle voulait qu’on leur ressemble. Mais elle n’a pas été pesante avec ça… Elle a été pesante sur d’autres choses (rires). »

Le Temps d’aimer (2023) de Katell Quillévéré, avec Anaïs Demoustier et Vincent Lacoste, diffusé sur Canal+ ce mardi 2 juillet 2024.