Le défilé Ann Demeulemeester printemps-été 2023, de l’ombre à la lumière
Ce samedi 1er octobre au soir, Ann Demeulemeester présentait dans un garage industriel son défilé printemps-été 2023. Une collection poétique et fonctionnelle du noir au blanc déclinant les fondamentaux amenés jadis par la fondatrice éponyme du label, qui a quitté sa direction artistique il y a près de dix ans.
Par Matthieu Jacquet.
Discrètes marcheuses funèbres ou travailleuses minières élégantes ? Enveloppées d’un noir charbonneux, les premières modèles du nouveau défilé Ann Demeulemeester sèment le doute. L’esthétique de leurs vêtements oscille d’emblée entre le romantisme sombre d’une ligne poétique et éthérée, fidèle au label fondé en 1985, et celle des uniformes dont les ajustements et le confort servirait des qualités plus fonctionnelles et pratiques. Car une collection après l’autre depuis le départ de la fondatrice éponyme du label belge il y a près de dix ans, son vocabulaire stylistique reste ostensiblement identique, altéré au fil des saisons par quelques menus détails.
Dans ce défilé printemps-été 2023, des paires de sacs à bandoulière croisés de chaque côté des hanches se distinguent comme les accessoires phares de la saison, faisant office de poche pour accueillir les mains. Les vestes de costume sont oversize, portées sur des jupes longues à traîne, et leurs pans parfois doublés pour gagner en épaisseur. Les hauts sans manches en noir brillant deviennent des salopettes subtilement resserrées à l’arrière par de fines sangles. Les chemises sont tantôt rallongées, jusqu’à devenir des combinaisons amples, tantôt compressées par des hauts transparents moulants qui découpent par leurs pliures aplaties le milieu dénudé des bustes.
En pleine cohérence avec l’ADN Ann Demeulemeester, l’équipe du studio poursuit son travail sur l’allure des silhouettes, appuyant le contraste entre des pièces moulantes, légères et fluides et d’autres plus larges et coupées dans des matériaux épais et opaques, le tout dans la bichromie habituelle du label : celle du noir profond et du blanc pur, qui ne se rencontrent jamais, séparés par les ensembles unicolores. Comme dans ses dernières collections, les designers ponctuent leurs nouveaux ensembles de fins rubans qui pendent le long des corps et accompagnent leur démarche avec élégance, telle une signature graphique à l’encre de Chine apposée sur une feuille de papier.