Les silhouettes gothiques et sculpturales d’Olivier Theyskens printemps-été 2023
Au sein de la cour de son studio parisien, le créateur belge Olivier Theyskens a dévoilé sa garde-robe printemps-été 2023 comme une suite et un dernier volet d’un triptyque, débuté lors de la saison printemps-été 2022. Aussi dramatique que gothique, ce nouveau vestiaire, qui retravaille des tissus issus de dead stocks, fait autant la part belle au tailorisme rigoureux qu’à la fluidité légère des patchworks de mousseline.
Par Erwann Chevalier.
Au cœur du Marais, alors que la nuit commence à tomber sur la ville lumière, une multitude de mannequins de plastique blanc s’érigent, au cœur d’une cour cachée, comme une armée de femmes gothiques, le visage recouvert d’une mystérieuse substance noire. C’est avec ce détail étonnant que l’univers particulièrement sombre d’Olivier Theyskens prend toute son envergure. Cette saison, le créateur ne propose pas de défilé mais une intrigante présentation dans une atmosphère au clair-obscur mystique.
Le créateur belge – aussi directeur artistique d’Azzaro depuis 2020 -, présente le dernier volet de son triptyque de collections, débuté lors de la présentation du vestiaire printemps-été 2022, qui s’attache à transformer des dead stocks en une composition flamboyante de tissus précieux. Pour la saison printemps-été 2023, entièrement réalisée à la main dans son atelier, la garde-robe explore la brillance et la couleur noire. Jouant sur les ombres et les lumières, les pièces distillent le savoir-faire technique du créateur au travers de silhouettes, tantôt androgynes incarnées en des costumes au tailoring rigoureux, conçus à partir de chutes de cuir, tantôt fluides et impérieuses dans des robes dramatiques aux allures médiévales déclinées dans une palette de teintes ocre, brune, bronze, rouge, jaune confectionnées tel un patchwork.
À l’image du peintre français Pierre Soulages, de l’artiste allemand Egon Schiele qui l’a inspiré la saison dernière, ou bien de la chanteuse Mylène Farmer, pour qui il a dessiné une robe pour le très controversé clip du titre Je te rends ton amour(1999), le créateur imagine une succession de pièces sombres aux accents glamour et ténébreux. En effet, telle une impressionnante combinaison en maille fine tricotée à la main, dont la cage thoracique est brodée de gouttelettes de verre noir de jais, d’un autre côté, les dentelles légères en volants délicats sur une robe ajustée aux épaules suraiguës en cuir côtoient les velours dévorés sombres et les mousselines de soie transparente qui dévoilent les courbes du corps. La collection se clôture sur une robe de mariée gothique et virginale qui s’évase et explose en volume à partir des genoux.