17 oct 2022

8 labels spotted at the Paris Spring-Summer 2023 Fashion Week

Riche en évènements mémorables – notamment la performance de Bella Hadid chez Coperni, la Fashion Week printemps-été 2023 à Paris est aussi l’occasion pour de jeunes labels de présenter leurs collections. Des armures sensuelles de la créatrice Didu aux créations intemporelles chez Minuit, Numéro a sélectionné 8 labels à suivre.

1. Le rêve américain de Meryll Rogge

 

C’est un voyage post-pandémie à Los Angeles qui a inspiré Meryll Rogge pour sa première collection unisexe. Après s’être immergée dans la culture américaine — la créatrice belge a vécu à New York pendant six ans —  s’inspire de l’esprit de liberté californien pour la saison printemps-été 2023. La semi-finaliste du Prix LVMH 2022 conjugue un mélange de pièces streetwear, en jersey et denim, à un vestiaire davantage couture. Une robe du soir écrue aux proportions grandiloquentes se porte avec des chaussettes de sport et les chaussures de ville noires vernies complètent un jogging oversize raccourci en bermuda. Intitulée Made on Earth by Humans, cette collection est marquée par une collaboration avec l’artiste suisse Beni Bischof. Pour l’occasion, il présente un jean brut remarquable orné du slogan provoquant Do Nothing Club et ses dessins naïfs viennent délicieusement se mêler à des inscriptions cyniques sur plusieurs pièces.

2. Les armures sensuelles de la créatrice Didu

 

C’est dans une scénographie façon crypte aux odeurs d’argile, que la créatrice chinoise Didu présentait sa collection printemps-été 2023. Les mannequins peuplent l’espace aux murs de béton dans des positions hiératiques et au sol, une femme nue au corps enduit d’argile et aux pieds de cheval demeure allongée, immobile. Les mains des mannequins sont elles aussi trempées dans de la glaise verte, évoquant un lien mystérieux et subtil entre ces différentes créatures. Connue pour développer des univers futuristes, Didu a, pour cette collection, puisé dans la frustration et les angoisses contemporaines. Intitulée I can’t hyde my anger, elle se compose d’une série de pièces redoublant de sensualité, mise en scène dans un univers post-apocalyptique et explore l’impact de la violence du monde sur les corps avec un vestiaire aux looks aux allures d’armures, à l’image de ce corset composé de ceintures superposées. La peau nue, tantôt dévoilée, tantôt cachée, est traitée ici comme un tissu et des tops cagoules s’ouvrent dans le dos, dans un jeu entre habillé et déshabillé, vêtement et nudité. Treillis, tissus camouflages, santiags, chapeaux de cowboy et ceinture à boucles : entre western, années Y2K et mythologie, les inspirations se mêlent avec pertinence.

3. Denim, sexe et latex chez Miaou

 

Pour ses débuts à la Fashion Week de Paris, le jeune label Miaou, basé entre Los Angeles et la capitale française, a choisi l’architecture post-moderne de l’ancien siège du Parti communiste français, conçu par l’architecte brésilien Oscar Niemeyer, pour présenter son vestiaire printemps-été 2023. Cette saison, le label fondé en 2016 par Alexia Elkaim, distille son ADN sensuel et body conscious dans un vestiaire aussi cool que punk. Les mannequins foulent le podium dans une salle sombre, où seule une caméra éclaire la silhouette au rythme d’une bande-son techno. Du côté de la collection, la peau se dévoile sur des silhouettes évoquant la lingerie érotique, à l’image de ce body échancré porté avec des bas en latex rouge carmin. À côté des ensembles en satin composés d’un soutien-gorge ravageur dévoilant la poitrine, affublée de piercings, le denim se fait une place de choix. Décliné dans des pantalons taille basse, des jupes ultra-courtes ou des robes à oeillets, la matière se mêle à des vestes en cuir ou des corsets en gabardine. En somme, cette saison est définitivement placée sous le signe du sexy sans compromis. 

4. Courbes exaltées et destructurées avec la lingerie Michaela Stark

 

En à peine deux ans, la créatrice Michaela Stark s’est fait connaitre avec ses créations exubérantes, exaltant les courbes et les moindres recoins de son corps. Fascinée par les corsets, l’Australienne développe une pratique à mi-chemin entre l’art et la mode, à rebours des injonctions faites aux corps des femmes. Le vêtement est un outil qu’elle manie pour déformer son corps lors de performances, comme en 2021 au 3537, où elle s’approprie tout un apanage de pièces Jean Paul Gaultier qu’elle découpe et assemble sur son corps. Pendant cette Fashion Week printemps-été 2023, elle présente sa première collection de lingerie, corsets et accessoires en éditions limitées. La créatrice y propose des pièces délicates dans des matières précieuses en soie, organza, dentelle et mousseline française aux couleurs vibrantes – rose poudré, fushia, kaki, camel. Elle y décline son iconique corset Asymetrical Boob, laissant apparaître un sein. D’autres pièces de lingerie, entre caracos et nuisettes, expriment une féminité décadente, par une superposition de volumes bouffants au niveau des hanches. Les porte-jarretelles côtoient les culottes froncées à noeud toute en transparence. À travers cette collection ainsi que des pièces sur-mesure, Michaela Stark partage sa vision de la féminité et propose à ses clientes de célébrer leur propre corps.

5. Ode à l’enfance dans la collection bucolique de Meruert Tolegen

 

La créatrice Meruert Tolegen s’inspire de ses souvenirs d’enfance dans une collection printemps-été 2023 bucolique. Une interrogation motive tout le travail créatif autour de cette collection : “Si l’on fermait les yeux et que l’on essayait de se rappeler les textures de ses souvenirs, que trouverait-on ?”. Petite, la créatrice américaine née au Kazakhstan vivait à Almaty, et s’asseyait chaque jour devant une grande fenêtre pour observer les montagnes et le spectacle de la nature. En hommage à son enfance, Meruert Tolegen assemble des fragments de ses souvenirs sur des robes et des manteaux brodés aux tissus vaporeux. Un manteau au col orné de sequins se pare d’un tissus satiné imprimé de grenades et de fleurs sauvages. Une robe en organza froissé, toute en transparence, s’anime de légères broderies aux motifs végétaux. Sur une robe seconde peau noire dos nu, les volants en tissus aériens habillent les bretelles. Une collection dans un univers merveilleux qui invite à exprimer la poésie en chacun de nous.

6. Franges, cuir et grosses ceintures chez EENK

 

Chaque saison, le jeune label coréen EENK s’appuie sur une nouvelle lettre de l’alphabet pour débuter sa collection. Cette année, le “W” a nourri l’imaginaire de la créatrice Hyemee Lee, qui a choisi comme thématique le far west américain. À la croisée des époques — de la Ruée vers l’Or au règne du Jazz —, les silhouettes alternent robes élégantes bordées de franges et ensembles tout en jean ou en cuir accessoirisés de grosses ceintures. Les looks se déclinent dans une palette chromatique restreinte mais parfaitement maîtrisée, mélangeant des tons de bleus sur un seul et même ensemble, du rouge vif sans virer vers le kitsch, ou du blanc et du noir pour composer des looks élégants. Investissant le Palais de Tokyo pour son tout premier défilé parisien, EENK a séduit son public grâce à un atout charme inattendu : un concert privé de Carla Bruni, accompagnant de sa voix suave les passages des mannequins.

7. Une mode cool et sophistiquée pour Minuit

 

Le label n’a que deux ans et se retrouve déjà inscrit dans le prestigieux calendrier de la Paris Fashion Week. Sa directrice artistique, Laurie Arbellot qui a fait ses armes chez Proenza Schouler fait le pari d’une mode intemporelle. Composé de pièces essentielles, son vestiaire se pense au-delà des tendances. Des robes aux encolures smockées déclinées en version longue ou courte, des jeans droits à porter avec une veste assortie, des chemisiers satinés… Mais la créatrice se plait également à proposer des silhouettes contemporaines et fantaisistes comme un pantalon brillant vert pomme, reprenant un des premiers succès du label existant en bleu ciel et porté par de nombreuses influenceuses comme Carla Ginola ou encore des ensembles noirs et transparents brodés du sigle “Minuit”, à porter sur un body et avec de grosses boots pour faire sensation.

9. Rui : less is more

 

L’une des matières principales de Rui ? Le corps. Fondé en 2019 par la créatrice Rui Zhou, parmi les finalistes du Prix LVMH en 2021, le jeune label propose des vêtements ajourés, dont les trous limitent parfois le tissu à quelque fil. Au sous-sol d’un petit espace dans le Marais, elle présentait sa dernière collection printemps-été 2023 dans une atmosphère confinée, presque inquiétante : dispersés par terre, des morceaux de miroirs brisés suggéraient une dispute, voire une scène de violence, en écho avec la performance de shibari — bondage japonais — qui se déroulait à côté des portants de vêtements. Faits de tissus stretch, les looks épousent et moulent le corps, tout en le dévoilant au gré de sulfureuses découpes laissant entrevoir la peau, matière à part entière de la majorité des silhouettes. Rui Zhou crée des vêtements pour celles et ceux qui n’ont froid ni aux yeux, ni dehors.

8. Rui : less is more

 

L’une des matières principales de Rui ? Le corps. Fondé en 2019 par la créatrice Rui Zhou, parmi les finalistes du Prix LVMH en 2021, le jeune label propose des vêtements ajourés, dont les trous limitent parfois le tissu à quelque fil. Au sous-sol d’un petit espace dans le Marais, elle présentait sa dernière collection printemps-été 2023 dans une atmosphère confinée, presque angoissante : dispersés par terre, des morceaux de miroirs brisés suggéraient une dispute, voire une scène de violence, en écho avec la performance de shibari — bondage japonais — qui se déroulait à côté des portants de vêtements. Faits de tissus stretch, les looks épousent et moulent le corps, tout en le dévoilant au gré de sulfureuses découpes laissant entrevoir la peau, matière à part entière de la majorité des silhouettes. Rui Zhou crée des vêtements pour celles et ceux qui n’ont froid ni aux yeux, ni dans la rue.

1. The American Dream of Meryll Rogge

 

A post-pandemic trip to Los Angeles inspired Meryll Rogge to create her first unisex collection. After living in New York for six years and immersing herself in the American culture, the Belgian designer captured the Californian spirit of freedom for the Spring-Summer 2023 season. The semi-finalist of the LVMH 2022 Prize combines a mix of streetwear pieces, made of jersey and denim, with a couture wardrobe. An off-white evening gown with spectacular proportions is paired with sports socks, while black patent urban shoes go with oversized jogging shorts. Entitled Made on Earth by Humans, the collection features a collaboration with Swiss artist Beni Bischof. For the occasion, he presents an interesting pair of raw jeans ornamented with the provocative motto Do Nothing Club. His naive drawings are delightfully intertwined with cynical writings on several pieces.

2. Designer Didu’s sensual armors

 

The Chinese designer Didu presented her Spring-Summer 2023 collection in a clay smelling crypt-inspired setting. The models take the space between these concrete walls in hieratic positions. A naked woman covered in clay with horse legs lies still on the ground. The hands of the models are also dipped in green clay, evoking a mysterious and subtle link between these different creatures. Known for developing futuristic universes, Didu dives into present-day frustration and angst for this collection. Entitled I can’t hyde my anger, the collection gathers a series of sensual pieces staged in a post-apocalyptic universe and explores the impact of the violence of the world on our body with a wardrobe composed of armor-like outfits, such as this corset made of superimposed belts. The bare skin, whether revealed or hidden, is treated as fabric here. Hooded tops open in the back playing on the contrast between dressed and undressed, clothing and nudity. Trellis, camouflage fabrics, cowboy hats, and buckle belts rightly encompass inspirations from the American West, Y2K years, and mythology.

3. Denim, sex, and latex by Miaou

 

For its debut at the Paris Fashion Week, the young label Miaou, based in Los Angeles and in the French capital, has opted for the post-modern architecture of the French Communist Party’s former headquarters, designed by the Brazilian architect Oscar Niemeyer, to present its Spring-Summer 2023 wardrobe. This season, the label founded in 2016 by Alexia Elkaim, spreads its sensual and body conscious DNA into a cool and punk wardrobe. The models enter on the catwalk in a dark room, where a single camera illuminates the silhouettes to the beat of a techno soundtrack. In the collection, the skin is revealed through erotic lingerie, such as this low-cut bodysuit worn with carmine red latex stockings. Next to the satin outfits composed of a ravishing bra revealing the chest covered with piercings, denim takes a prominent place. Available in a range of low-rise trousers, mini-skirts, or eyelet dresses, the fabric is combined with leather jackets and gabardine corsets. This season is definitely one of uncompromising sexiness.

4. Exalted and asymmetrical curves in Michaela Stark’s lingerie

 

In two years only, designer Michaela Stark has made a name for herself with her exuberant creations, exalting the curves and the smallest corners of her body. Obsessed by corsets, the Australian designer develops her work at the crossroads between art and fashion, against the diktats imposed on women’s bodies. Clothing is a tool she uses to deform her body during her performances, such as the one at 3537 in 2021, where she adapted a whole range of pieces by Jean Paul Gaultier that she cut out and assembled on her body. For this Spring-Summer 2023 Fashion Week, she presents her first lingerie, corset, and accessories collection in limited edition. The designer offers delicate pieces made of precious fabrics, such as silk, organza, lace, and French muslin, in vibrant colors – powder pink, fuchsia, khaki, and camel. The collection includes a range of her iconic Asymetrical Boob corsets, which reveals one breast. Other lingerie pieces, like camisoles and babydolls, express a type of decadent femininity through the superimposition of puffy volumes on the hips. Suspenders rub shoulders with pleated knickers for an all-out transparent result. Through this collection and custom-made pieces, Michaela Stark shares her vision of femininity and offers her customers a chance to celebrate their body.

5. The ode to childhood in Meruert Tolegen’s bucolic collection

 

Designer Meruert Tolegen has drawn her inspiration from her childhood memories for her bucolic Spring-Summer 2023 collection. A question drives the creative work of this collection: “If one were to close their eyes, and try remembering the textures of their memories, what would one find?” The Kazakhstan-born American designer used to live in Almaty as a child. There, she used to sit daily against a large window and look at the mountains and the spectacle of nature. As a tribute to her childhood, Meruert Tolegen assembles fragments of her memories into dresses and embroidered coats made of flimsy fabrics. A coat ornamented with a sequined collar emerges on a satin fabric with pomegranates and wildflowers prints. A see-through dress in pleated organza comes to life thanks to subtle embroideries with plant patterns. Flounces made of airy fabrics dress the straps of a black backless second skin dress. The marvelous universe of a collection that invites to express the poetry present in each one of us…

6. Fringes, leather, and big belts by EENK

 

Each season, the young Korean label EENK uses a new letter of the alphabet to start its collection. This year, the “W” feeds the imagination of the designer Hyemee Lee, who chooses the American Wild West as her guideline. At the crossroads between different eras, from the Gold Rush to the reign of Jazz, the silhouettes alternate between elegant dresses trimmed with fringes, matching denim looks, or leather ensembles accessorized with heavy belts. The looks are declined in a restricted but perfectly mastered chromatic palette, mixing shades of blue on a single outfit, bright but not kitsch red, or white and black to compose elegant looks. Taking over the Palais de Tokyo for its very first Parisian show, EENK seduced its audience with an unexpected charm – a private concert by Carla Bruni, accompanying the models with her delicate voice.

7. Cool and sophisticated fashion by Minuit

 

The two-year-old label is already part of the prestigious Paris Fashion Week calendar. Its artistic director, Laurie Arbellot, who trained at Proenza Schouler, is betting on timeless fashion. Composed of essential pieces, her wardrobe goes beyond trends, such as the dresses with smocked necklines available in long or short versions, the straight jeans to pair with a matching jacket, or the satin blouses… Yet the designer also likes to offer contemporary and fanciful silhouettes like a pair of shiny apple green trousers – taking up one of the label’s first successes, whose sky-blue version has been worn by numerous influencers such as Carla Ginola – or black and see-through outfits embroidered with the acronym “Minuit”, to wear with a bodysuit and big boots.

8. Less is more by Rui

 

One of Rui’s main materials? The body. Founded in 2019 by designer Rui Zhou, who was one of the finalists for the LVMH Prize in 2021, the young label offers openwork garments, whose holes sometimes reduce the fabric to a bunch of threads. In the basement of a small space in the Marais, she presented her latest Spring-Summer 2023 collection in a confined, almost stressful atmosphere. Broken pieces of a mirror scattered on the floor suggest that an argument, or even a violent scene, has happened here and echo the shibari performance [Japanese bondage] taking place next to the racks of clothes. Made of stretch fabrics, the looks hug and mold the body, while sultry cut-outs reveal the skin, the main material used on most of the silhouettes. Rui Zhou does not create clothes for the faint-hearted nor for those who feel the cold.