Brun de Vian-Tiran dévoile une collection de lainages imprégnée par la Camargue avec les étudiants de l’ENSCI
Depuis plus de 200 ans, la manufacture Brun de Vian-Tiran est renommée en France comme en Europe pour ses lainages d’exception. Alliant savoir-faire et modernité, la maison basée dans le sud de l’Hexagone vient de dévoiler une collection de couvertures, écharpes et autres accessoires pour chez soi, conçue en collaboration avec les étudiants de l’ENSCI-Atelier de Paris et inspirée par les paysages de Camargue.
Par Camille Bois-Martin.
Dans le département provençal du Vaucluse, à L’Isle-sur-la-Sorgue, la maison Brun de Vian-Tiran se fond dans son environnement. Installée en plein cœur de la ville, la manufacture lainière fondée par Charles Tiran et son gendre Laurent Vian en 1808 a autant profité au 19e siècle de la force motrice du courant de la rivière de la Sorgue qu’elle utilise aujourd’hui de la laine de la race locale des moutons Mérinos d’Arles, redécouverte au 20e siècle en France à l’initiative de l’entreprise. Des plaids, des oreillers, des écharpes, des sacs : les secrets de fabrication de ces produits sont transmis de père en fils sur huit générations. Des savoir-faire labellisés en 2009 Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV) qui séduisent de grandes écoles de design et d’arts appliqués tel que l’École Nationale Supérieure de Création Industrielle à Paris, avec laquelle Brun de Vian-Tiran travaille étroitement depuis dix ans. En cette fin d’année, ils dévoilent ensemble une collection inspirée par les composantes du paysage camarguais. Disposées sur des chaises en bois, sur le dos d’un cheval blanc de Camargue ou utilisées comme une cape de toréro au sein d’une arène, les créations colorées de cette collaboration photographiées par Claire Curt jouent sur les caractéristiques du sud-est et sur la palette chromatique de la région — vert-gris argenté des oliviers, doré des dunes de sable, rouge-orangé des couchers de soleil méditerranéen mélangé avec le bleu de la mer —, pour une immersion totale dans l’ambiance méridionale.
Chez Brun de Vian-Tiran, la production industrielle passe après le travail de la main, avec des gestes répétés et transmis depuis plus de deux siècles suivant un processus complexe. Pour fabriquer une écharpe, un châle ou un plaid, quinze étapes sont en effet nécessaires, entre préparation au cardage (démêler les fibres textiles pour en faire des fils), tissage ou encore chardonnage (gratter la laine pour faire ressortir la douceur naturelle du tissu). Pour Jean-Louis Brun, directeur général de la maison, tout l’enjeu de cette nouvelle collection est. “d’exprimer l’excellence de toute une filière”. Car à l’échelle nationale comme internationale, les savoir-faire de l’entreprise provençale sont aussi réputés que ceux enseignés à l’École Nationale Supérieure de Création Industrielle à Paris, dont proviennent de nombreux artistes et designers renommés tels que Théo Mercier, Inga Sempé ou encore Constance Guisset. Fondée en 1982, l’école de design et d’arts appliqués est inscrite en 2020 au premier rang des établissements de formation français dans la catégorie Art et Design par le classement annuel mondial QS World University Rankings, et se hisse également à la 22e place des 800 meilleurs écoles et universités du monde. Un prestige qui attire de nombreuses entreprises et établissements prompts à solliciter régulièrement ses étudiants, à l’instar de grandes maisons de luxe Louis Vuitton, Chanel et Hermès, du géant de l’informatique Microsoft, ou encore des institutions françaises comme le Mobilier National, la BnF et le Centre Pompidou.
Dans les modèles issus de cette collection intitulée “Entre Camargue et Alpilles”, l’ENSCI et les ateliers de Brun de Vian-Tiran revisitent l’identité de la maison séculaire, de ses origines à ses savoir-faire. Tout dans les pièces produites – écharpes, pochettes, plaids, tote-bags et coussins – est inspiré par la région dans laquelle elles ont été réalisées, à commencer par l’utilisation exclusive de la laine la plus fine d’Europe, produite par des éleveurs locaux du Mérinos d’Arles qui collaborent étroitement avec la manufacture depuis trente-deux ans. Les tonalité vertes, orangées, pourpres et bleutées qui se croisent sur les lainages nous invitent à voyager dans le paysage méditerranéen de L’Isle-sur-la-Sorgue, entre les vallées des Alpilles peuplées d’oliviers, les plantes graminées dorées et argentées des prés ensoleillés ou encore les marais salants à la teinte rosée caractéristique. La plongée dans l’histoire de la Camargue et de Brun de Vian-Tiran se prolonge jusqu’au traitement de la matière dans les ateliers de la maison : les étoffes utilisées pour la collection ont été coupées dans le droit fil, sans coutures ni finitions, pour rester bord franc et laisser apparentes les traces de leur tissage et de leur feutrage. De fil en aiguille, la collaboration de l’ENSCI et de la manufacture célèbre simultanément le savoir-faire textile français et les richesses de la région provençale avec des pièces qui, pour reprendre les mots de Jean-Louis Brun, sont “l’expression de ces terres”, autant qu’elles dégagent une atmosphère résolument solaire.