2 déc 2022

Grand huit, confettis, foule en délire… On était au concert d’Angèle à Paris

L’auteure-compositrice-interprète belge Angèle donnait deux concerts dans la plus grande salle d’Europe, à Paris La Défense Arena (Nanterre), les vendredi 2 et samedi 3 décembre. Elle y défendait, à grand renfort de confettis et d’installation de fête foraine, son deuxième album, Nonante-Cinq (2021) devant 72 000 spectateurs (sur les deux soirées). Numéro était présent le samedi, le soir où la star fêtait – en grande pompe, malgré une méchante entorse – ses 27 printemps, devant un parterre de fans transis.

Angèle, chanteuse sentimentale et star la plus écoutée de France 

 

Mais l’attraction suprême de cette fête grand public, c’est l’artiste elle-même. Car la force d’Angèle, artiste féminine la plus écoutée en France sur Spotify en 2022, c’est la connexion qu’elle parvient à nouer avec son public. La chanteuse ne cesse de parler entre les morceaux, se confiant sur son homosexualité (enveloppée dans un drapeau LGBTQIA+), sur sa rupture amoureuse avec Marie Papillon (qu’elle ne nomme pas) ou sur sa ville d’origine (qui comptait peut-être moins d’habitants que la salle de Paris La Défense Arena ce samedi soir). La star explique également, dès le début du concert, qu’elle s’est foulée la cheville, et on sentira, tout au long du show, que la blessure la fait souffrir. Elle rappelle aussi à l’assemblée que l’an dernier, elle a fêté seule, malade du Covid, son anniversaire et prévient que ses parents sont dans la salle, ce qui rajoute une pression supplémentaire sur ses épaules. Souvent, Angèle a les larmes aux yeux, comme une grande partie de son public, dans lequel on trouve beaucoup d’enfants et d’adolescentes. Certaines sont vêtues comme Angèle, en baby dolls, barrettes clipsées dans la chevelure et mini-jupes. L’auteure-compositrice-interprète serait-elle déjà devenue icône, que l’on imite de son vivant ?

 

Le lien sentimental qui unit Angèle à ses fans tient beaucoup aux paroles douces-amères de ses morceaux. Beaucoup de ses chansons intimes parlent d’amour compliqué ou de thèmes sociétaux (les réseaux sociaux, le mouvement #MeToo), de quoi toucher son jeune public en plein cœur. On se rend compte, plus encore en live que sur disque, que la pop star a de nombreux autres arguments pour les séduire. Son charisme (qui lui vaut des débuts dans le monde du cinéma), ses tenues de scène pailletées signées Chanel glamour et sexy, sa voix douce et fraîche, proche – sans auto-tune – d’une Vanessa Paradis, son don pour le piano (qu’elle démontre lors d’une brillante session piano-voix) ou encore ses mélodies taillées pour les radios et ses chorégraphies ludiques. De quoi faire oublier l’absence de guests prestigieux (le rappeur belge Damso, qui avait fait le déplacement le soir précédent, ne gratifiera pas les fans d’Angèle de sa présence pour chanter le single de diamant Démons). On oublie aussi, devant sa grâce désarmante, le fait que certains de ses morceaux se ressemblent. Mais que l’on soit sensible à l’univers de l’auteure de Brol (2018) ou pas, lors de l’épreuve du live, Angèle est désormais l’une des plus grandes pop stars francophones du moment, aux côtés de Juliette Armanet et de Clara Luciani.

 

« Nonante-Cinq La suite » (2022) d’Angèle, disponible sur toutes les plateformes.

Le concert d’Angèle à Paris avec Léna Mahfouf et Lujipeka

 

Ce samedi 3 décembre, dans la foule compacte attendant de pouvoir assister au deuxième concert parisien d’Angèle, la chanteuse belge a fait distribuer, à la volée, des frites et des gaufres, en hommage à ses origines. De quoi réchauffer l’atmosphère, alors que l’on se rapproche du zéro degré en extérieur, ce soir-là, devant Paris La Défense Arena (Nanterre), la plus grande salle de concert d’Europe qui compte 40 000 places, à . Cette charmante attention, digne de l’influenceuse Léna Situations (dont l’artiste est proche et qui assiste au show ce samedi) est la preuve que l’auteure-compositrice-interprète a vu les choses en grand pour ses deux concerts dans la capitale hexagonale. Et qu’elle a soigné les moindres détails de son Nonante-Cinq Tour débuté en avril.

 

Lorsqu’on pénètre enfin dans l’immense « arène », pendant la première partie assurée par le rappeur français Lujipeka, qui chauffe la salle avec ses tubes légers taillés pour la Gen Z, ce qui nous frappe d’emblée, c’est un détail de taille. Une énorme structure de grand huit sur laquelle trône le numéro 95 (l’année de naissance d’Angèle) a été installée devant la scène. Son aspect, monumental, en dit long sur le statut acquis par la chanteuse qui a débuté dans les pianos-bars avant d’avoir droit à son documentaire sur Netflix et de sortir un deuxième album, Nonante-Cinq (2021), certifié double disque de platine.

 

Cette attraction foraine, en lien avec la pochette de ce second opus, qui s’illumine et prend différentes teintes, donne le la du show d’Angèle ce samedi 3 décembre. De son apparition étincelante sur les notes entraînantes du titre Plus de sens (2021) jusqu’au final (durant lequel l’artiste qui fête ce soir-là ses 27 ans soufflera les bougies d’un gâteau), c’est dans un grand huit émotionnel que nous embarquent Angèle et sa talentueuse troupe de danseurs en tenue gothiques. Pendant deux heures, les 36 000 âmes présentes vont traverser de véritables montagnes russes et vivre de nombreuses sensations fortes (pluie de confettis, projections vidéo spectaculaires) au gré des tubes de la chanteuse (Balance ton quoi, Ta reine, Démons, Fever, Tout oublier) et d’autres morceaux plus lents, auto-centrés et sombres (Perdus, Jalousie, Mauvais rêves).