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16 Les Daft Punk s’emparent de la Philharmonie de Paris

Les Daft Punk s’emparent de la Philharmonie de Paris

MUSIQUE

Instruments, installations, photographies, projections et une bande-son signée Laurent Garnier… En avril, les musiques électroniques prennent d’assaut la Philharmonie de Paris. De Kraftwerk à Daft Punk, Rêve électro revient sur trente ans d’expérimentations artistiques, de revendications politiques et de contre-culture.

 

Les Daft Punk s’emparent de la Philharmonie de Paris Les Daft Punk s’emparent de la Philharmonie de Paris

Du 9 avril au 11 août 2019, la Philharmonie vibre au son des musiques électroniques. Véritable expérience sonore et lumineuse, l’exposition Rêve électro, de Kraftwerk à Daft Punk revient sur la grande histoire d’un genre né, il y a plus de trente ans, dans les boîtes de nuit underground de Chicago et de Détroit. Entre hédonisme et contre-culture, les visiteurs arpenteront un espace d’exposition jalonné d’installations, de photographies, de sculptures et d’instruments, sublimé par une bande-sonore signée Laurent Garnier. Car les musiques électroniques ont influencé bon nombre de secteurs dont l’art numérique, le graphisme, la vidéo, le cinéma, la bande dessinée ou la danse. Au sein du bâtiment de Jean Nouvel, Rêve électro semble être l’exposition idéale pour redécouvrir les virtuoses tels que Frankie Knuckles, Juan Atkins ou Jean-Michel Jarre. Les Daft Punk préparent d’ailleurs une installation inédite pour l’exposition. Une œuvre inspirée de leur clip Technologic (2005) qui contiendra différents éléments de la vidéo : casques, costumes, mannequins et créatures robotisées.

 

 

La techno de Detroit, rêveuse et futuriste, évoluera vers un son bestial organisé autour de la basse. La techno berlinoise quant à elle est bien plus radicale, un martèlement puissant, bétonné.

 

 

Quand les musiques électroniques émergent, c'est avec un nouveau concept artistique. Elles ne sont pas seulement influencées des musiques qui les précèdent, mais en dépendent totalement. Nourries par les enregistrements préexistants, elles les transforment au moyen des samples qui seront alternés et modifiés grâce à une boîte à rythme, des platines et une table de mixage. Il s’agit d’une évolution logique des créations des disc-jockeys du mouvement hip-hop, sublimée par les découvertes et innovations technologiques en matière de matériel musical. C’est d’ailleurs l’un des seuls genres musicaux, dont le nom fait référence aux outils de production. La pratique de la  “techno” relèverait donc autant de la création musicale que de la révolution informatique. Le son ne cesse jamais et devient un véritable langage, au départ caractérisé par l’anonymat de son producteur et l’absence de refrain. De ces dispositifs musicaux vont émerger des genres et des sous-genres plus ou moins underground. Issus des Etats-Unis ils atteindront l’Europe, en particulier la Grande-Bretagne puis, avec une esthétique nouvelle, la France.

 

 

La techno est bien plus bourgeoise que le hip-hop. Sorte de house dénuée de paroles, elle quittera les États-Unis pour y revenir quelques années plus tard, dépouillée de ses influences afro.

 

 

La techno et la house présentent de nombreuses similitudes, notamment d’un point de vue esthétique, toutes deux s’articulent autour d’une répétition rythmique et sonore machinale qui leur permettait, à l’origine, de se démarquer de la musique disco en vogue. La techno serait née d’un certain Larry Levan (1945-1992) qui aurait justement décidé de prolonger le phénomène disco en le transformant progressivement. Malgré tout, chacun s’accorde pour désigner la ville américaine de Detroit comme le berceau de la culture techno. Les artistes se produisaient dans la banlieue résidentielle devant un auditoire restreint. En cela, la techno est vue comme un phénomène artistique bien plus bourgeois que le hip-hop. Sorte de house dénuée de paroles, elle quittera les États-Unis pour y revenir quelques années plus tard, dépouillée de ses influences afro (soul, jazz) et donc blanchie. La techno de Detroit est à la fois rêveuse et futuriste, empêtrée dans ses lointaines sonorités afro puis évoluera vers un son plus bestial et surtout, organisé autour de la basse. La techno berlinoise quant à elle est bien plus radicale, non pas qu’elle soit épurée mais elle est en tout cas un martèlement puissant, bétonné. Si les noirs, les classes populaires et les homosexuels sont parvenus à affirmer leur identité à travers cette contre-culture outre-Atlantique, en France elle s’est souvent résumée à son caractère hédoniste et anticonformiste.

 

Cette exposition sera placée sous le commissariat de Jean-Yves Leloup, journaliste spécialiste des arts musicaux et numériques auteur de Digital Magma. En 2016, il avait déjà investi la Fondation EDF (Paris VIIe) avec l’événement Electrosound, du lab au dancefloor. Un étrange cabinet des curiosités, parcours chronologique dans lequel les synthétiseur endormis côtoyaient les graveurs de vinyles et les platines poussiéreuse.

 

Rêve électro, de Kraftwerk à Daft Punk, du 9 avril au 11 août 2019, Philharmonie de Paris.