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Numéro
20 “Nothing Personal” : l’ouvrage culte de Richard Avedon qui dissèque l’Amérique

“Nothing Personal” : l’ouvrage culte de Richard Avedon qui dissèque l’Amérique

CULTURE

Nothing Personal, le célèbre ouvrage de Richard Avedon et du romancier activiste James Baldwin a droit à une réédition, 53 ans après sa sortie initiale. Clichés saisissants et textes au vitriol dressent le portrait d’une Amérique controversée.

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Intitulé “Sans allusions” dans sa version française, l’ouvrage publié chez Taschen dissèque les rapports humains et interroge la notion d’identité. En complément de cette réédition : un livret de 72 pages composé de clichés autrefois censurés, de lettres, d’archives et d’un essai, celui de Hilton Als, lauréat du prix Pulitzer de la critique cette année. Mis en page par Marvin Israel (1924-1984), longtemps directeur artistique du magazine Harper’s Bazaar, cet ouvrage résolument subversif fait un retour tonitruant à l’occasion de l’exposition organisée à la Pace/MacGill Gallery de New York. Jusqu'au 13 janvier prochain, la galerie new-yorkaise exposera les photographies d'Avedon issues de l'ouvrage.

 

Des bas-fonds d’un hôpital psychiatrique jusqu’aux tables rondes du parti nationaliste américain, de la ferveur militante de Malcolm X à la déconvenue d’un Eisenhower qui dépose les armes, Nothing Personnal, comme une ultime lueur de lucidité, esquisse le portrait-robot d’une Amérique essoufflée bien avant que Trump ne fasse ricaner la twittosphère. Véritable odyssée à travers l’Amérique, Nothing Personal mène Avedon et son ami, le romancier activiste à la plume acerbe James Baldwin, aux côtés des icônes de la lutte pour les droits civiques. Mais les deux hommes croisent aussi sur leur route des politiciens, des intellectuels, Bob Dylan ou la diva Monroe. En 160 pages, les auteurs entrelacent les opinions, les regards et les constats, opposant avec audace sur une même double-page une photo de suprématistes blancs en plein salut nazi au poète Allen Ginsberg, juif homosexuel témoin de l’éventration de sa société.

 

 

Ouvrage polémique de la contre-culture, Nothing Personal confronte les idéologies et s’élève, selon ses détracteurs, en “élite libérale moralisatrice”

 

 

 

 

 

 

 

Richard Avedon, James Baldwin. Sans Allusion (Taschen) Richard Avedon, James Baldwin. Sans Allusion (Taschen)
Richard Avedon, James Baldwin. Sans Allusion (Taschen)

Né à Harlem en 1924, James Baldwin a arpenté de long en large la 128e rue menant à son école publique, la P.S. 24 dont il écrira l’hymne. Militant afro-américain, il raconte dans Nothing Personal sa propre expérience de harcèlement par un policier new-yorkais dans un essai en quatre parties. Déconfit, le romancier et dramaturge questionne le rôle de la pression sociale, lève le poing pour la communauté LGBT à travers des pamphlets embrasés. Avedon, lui, naît à New York en 1923. À 10 ans, il reçoit son tout premier appareil-photo et immortalise un voisin qui n’est autre que le compositeur Sergeï Rachmaninov. Engagé dans la marine marchande dans les années 1940, il rejoint la marine américaine après Pearl Harbor, photographe attitré de l’équipage. Directeur de la photographie d’Harper’s Bazaar vingt ans plus tard, Avedon navigue près des côtes de l’érotisme luxueux et s’évade vers une excentricité mesurée. Ses choix esthétiques le mènent jusqu’au Vogue, il y signera la majorité des couvertures enre 1973 et 1988.

 

Malgré tout, son incandescent Nothing Personal dérange. Car Avedon et Baldwin l’ont organisé autour de l’esprit de confrontation, en pleine crise liée à la lutte pour les droits civiques et au rejet de la guerre du Vietnam. Ouvrage polémique de la contre-culture, Nothing Personal confronte les idéologies et s’élève, selon ses détracteurs,  en “élite libérale moralisatrice”. Aujourd'hui, l'œuvre surdimensionnée rééditée 53 ans après le tollé qui accompagnait sa sortie s'expose fièrement dans un immense coffret blanc. 

 

Exposition Richard Avedon, Nothing Personal, Pace/MacGill Gallery, New York jusqu'au 13 janvier 2018.
Richard Avedon, James Baldwin : Sans Allusion. Relié sous coffret avec livret 27 x 36 cm, 160 pages.